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Les cyclones affament les oiseaux marins de l’Atlantique Nord

Chaque hiver, des milliers de carcasses d’oiseaux marins sont découvertes très amaigries sur les côtes nord-américaines et européennes.

Une équipe de recherche internationale comprenant le CNRS1 dévoile, le 13 septembre dans Current Biology, comment les cyclones entraînent le décès de ces oiseaux. Ces derniers sont en effet souvent exposés à des cyclones de forte intensité pouvant durer plusieurs jours lorsqu’ils migrent de leur lieu de nidification en Arctique vers l’Atlantique Nord, plus au sud, afin d’hiverner dans des conditions plus favorables. Après avoir équipé avec de petites balises2 plus de 1500 oiseaux des cinq principales espèces concernées (macareux moine, mergule nain, mouette tridactyle, et deux espèces de guillemots) et en juxtaposant leurs déplacements avec les trajectoires des cyclones, les scientifiques ont pu déterminer le degré d’exposition des oiseaux à ces événements météorologiques. En modélisant la dépense énergétique des oiseaux dans de telles conditions, l’étude suggère, de manière surprenante, que les oiseaux ne décèdent pas d’une dépense énergétique accrue, mais suite à leurs incapacités à se nourrir pendant un cyclone. Les espèces étudiées sont particulièrement inadaptées à voler dans des vents violents et certaines ne peuvent pas plonger dans une mer déchaînée, les empêchant ainsi de se nourrir. Piégés lors d’un cyclone, ces oiseaux mourront de faim si les conditions défavorables s’éternisent au-delà des quelques jours que leurs réserves corporelles leur permettent de survivre sans apport de nourriture. La fréquence des cyclones de forte intensité en Atlantique Nord augmentant avec les changements climatiques, les oiseaux marins hivernant dans cette zone seront d’autant plus vulnérables face à de tels événements.

Macareux moine.
© David Grémillet
Envol d’un Mergule nain équipé d’un système GLS à l’est du Groenland.
© David Grémillet

 

Bibliographie

North Atlantic winter cyclones starve seabirds. Clairbaux M, Mathewson P, Porter W, Fort, J, Strøm H, Moe B, Fauchald P, Descamps S, Helgason H, Bråthen V, Merkel B, Anker‐Nilssen T, Bringsvor I, Chastel O, Christensen‐Dalsgaard S, Danielsen J, Daunt F, Dehnhard N, Erikstad K, Ezhov A, Gavrilo M, Krasnov Y, Langset M, Lorentsen S, Newell M, Olsen B, Reiertsen T, Systad G, Thórarinsson T, Baran M, Diamond T, Fayet A, Fitzsimmons M, Frederiksen M, Gilchrist H, Guilford T, Huffeldt N, Jessopp M, Johansen K, Kouwenberg A, Linnebjerg J, Major ML, McFarlane Tranquilla L, Mallory M, Merkel F, Montevecchi W, Mosbech A, Petersen A et Grémillet D. Current Biology, le 13 septembre 2021. 10.1016/j.cub.2021.06.059

 

Contact

David Grémillet

Chercheur CNRS

+33 4 67 61 32 68

david.gremillet@cefe.cnrs.fr

 

Manon Clairbaux

Chercheuse Post-doctorante

clairbauxm@gmail.com

 

Elie Stecyna

Attaché de presse CNRS

+33 1 44 96 51 26

elie.stecyna@cnrs.fr

Notes

  1. Ont participé des scientifiques du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CNRS/Université de Monptellier/IRD/EPHE), du laboratoire Littoral, environnement et sociétés (CNRS/La Rochelle Université) et du Centre d'études biologiques de Chizé (CNRS/La Rochelle Université). Les principaux organismes étrangers impliqués sont : l’Université du Wisconsin, Etats-Unis ; l’Institut polaire norvégien et l’Institut norvégien de recherche sur la nature, Norvège.
  2. Appelées balises GLS (Global Location Sensor) : ce sont de très petites balises (environ 1g) capables d’enregistrer les niveaux de lumière à proximité de l’oiseau, permettant ainsi de calculer la position de l’individu équipé. Moins précis (précision d’environ 200 kilomètres) qu’un GPS, ces balises sont peu coûteuses en énergie et possèdent une longue durée de vie. Elles sont posées sur les bagues métalliques que les scientifiques mettent aux pattes des oiseaux.