Matthis Auger, "nominé" par la Fondation de la mer et l'Institut de l'Océan
Six étudiants et étudiantes en sciences de l'océan dans l'Alliance Sorbonne Université ont été "nominés" dans le cadre du prix de la première publication de thèse Fondation de la mer - Institut de l'océan : Matthis Auger, Florian de Bettignies, Marin Cornec, Laurène Mérillet, Yona Silvy, Laure Vilgrain.
La publication de Matthis Auger
Je suis en troisième année de thèse au LOCEAN, sous la direction de Jean-Baptiste Sallée. Je travaille sur la dynamique et les mécanismes de transport de chaleur de l’océan Austral, leurs différentes échelles ainsi que leurs changements à long terme. Dans le cadre de cette thèse, j’ai étudié les tendances de température en profondeur dans l’océan Austral à partir de mesures in situ. J’ai également développé un jeu de données de hauteur de mer sous la banquise à partir de mesures satellites. Ces données ont permis de mieux caractériser la dynamique grande échelle et tourbillonnaire de l’océan Austral sous la banquise, et de comprendre leur rôle dans le transport de chaleur dans l’océan subpolaire.
L’océan Austral qui encercle le continent Antarctique est au cœur de la circulation océanique mondiale. Il lie entre eux tous les océans, de sorte que des changements qui surviendraient dans ses propriétés physiques ou chimiques, impacteraient le reste du globe. Pourtant, en raison des conditions climatiques qui y prévalent et de son éloignement, très peu de données existent pour comprendre comment fonctionne et évolue cet océan.
Dans cette publication nous utilisons 25 ans de mesures de température de la surface jusqu’à 800 mètres de profondeur entre Hobart et la base française de Dumont d’Urville en Antarctique. Elles ont été recueillies à bord du brise-glace Astrolabe lors de ses missions de ravitaillement de la base française. Elles ont été acquises par l’IPEV (Institut Paul Emile Victor) et le LEGOS (Laboratoire d’Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiale).
Grâce à ces mesures, nous avons pu mesurer précisément le changement de température des eaux Antarctiques en surface et en profondeur. Si les réchauffements les plus importants se trouvent dans le nord de la région observée, loin de la calotte polaire, l’étude révèle un second réchauffement, en profondeur, près du continent Antarctique. Peut-être plus marquant encore, ces eaux qui se réchauffent près du pôle, ont remonté vers la surface au cours des 25 dernières années.
Si ces eaux finissaient par atteindre la surface dans cette région de l’Antarctique, la perte de masse de la calotte glaciaire se trouverait accélérée, avec des conséquences importantes sur la circulation océanique, le niveau de la mer, et donc sur le climat et les sociétés humaines