Pauline Bergsten, alumna du Master 2 BBMA de SU
Pauline est actuellement chercheuse à Matís, une entreprise islandaise spécialisée dans la recherche et le développement dans le secteur agroalimentaire. Elle est diplômée du parcours Parcours Biologie et Bioressources MArines (BBMA) du master de Biologie Intégrative et Physiologie.
Elle a accepté de répondre à nos questions et de nous présenter ainsi son parcours.
Son travail à Matis
Pouvez-vous nous présenter en quoi consiste votre travail, et que fait exactement Matis ?
Fondée lors de la fusion de trois sociétés gouvernementales en 2007, Matís est effectivement une entreprise islandaise de recherche et développement dans les domaines de l’agroalimentaire et des biotechnologies. Composée d’une centaine d’employés, l'entreprise est divisée en 4 départements (Implémentation et Impact, Recherche et Innovation, Analyse et Infrastructure, et Opérations). Matís mène des projets de recherche en collaboration avec des institutions publiques et privées et participe à de nombreux projets européens en mettant l'accent sur l'innovation et la valeur ajoutée (environ 44% des revenus de l'entreprise). Certaines équipes font également de la recherche fondamentale. L’entreprise offre des services à des entreprises privées nationales ou internationales et aux organismes publics. Matís a également un contrat avec le gouvernement islandais pour que ses chercheurs puissent intervenir à l’Université d’Islande. Le travail de cette entreprise sert donc des objectifs de santé publique, de stratégie industrielle et de recherche.
Je travaille dans l’équipe de recherche en microbiologie du département « Recherche et Innovation » dirigé par Viggó Þór Marteinsson. Notre groupe étudie l'écologie, la diversité et les fonctions du microbiote de plusieurs écosystèmes. Nous travaillons sur des projets très divers dans les domaines de l'industrie alimentaire (aquaculture, pisciculture et agriculture), de la santé (microbiote intestinal) et de la microbiologie environnementale. Durant ma thèse, j’ai étudié les communautés microbiennes de la subsurface d’un volcan. Mon travail actuel consiste à analyser les données de séquençage (16S rRNA sequencing et shotgun metagenomic) pour plusieurs projets qui peuvent être nationaux ou internationaux (MASTER, Liposport, etc.).
Depuis combien de temps, occupez-vous ce poste ? Que faisiez-vous auparavant ?
J’ai été employée à la fin de mon stage de master II (en 2016) en tant qu’assistante de recherche dans l’équipe de microbiologie. J’ai occupé ce poste pendant 1 an. Pendant ce temps, j’ai eu l’occasion de me familiariser avec toutes les techniques de biologie moléculaire utilisées au laboratoire, de participer à plusieurs projets nationaux et internationaux, d’encadrer une étudiante de Master, de suivre un workshop sur l’analyse de données bio-informatiques (QIIME avec Greg Caporaso), et d'effectuer deux campagnes océanographiques à bord du vaisseau de recherche Bjarni Sæmundsson autour de l’Islande. Puis j’ai commencé une thèse en microbiologie environnementale sur l’étude des communautés microbiennes de subsurface de l’ile volcanique de Surtsey, en participant à un mois de forage et d’échantillonnage (International Continental Scientific Drilling Program (ICDP) 5059 expedition, SUSTAIN drilling operation). Au cours de ma thèse, j’ai fait beaucoup de biologie moléculaire, de séquençages et d'analyses bio-informatiques, ainsi que de la culture, de l’isolation, de la caractérisation d’extrêmophiles. J’ai co-rédigé et obtenu un financement (Jules Verne exchange) avec campus France afin de faire un échange d’étudiants en thèse. Dans ce cadre, j’ai passé un mois à l’institut de physique du globe de Paris (IPGP) ou j’ai eu notamment la chance de faire de la microscopie en milieu minéralisé. J’ai encadré des étudiants et fait un peu d’enseignement à l’Université d’Islande. J’ai également obtenu un financement pour un an de thèse supplémentaire grâce aux fonds islandais de recherche scientifique RANNÍS. J’ai travaillé en parallèle à ma thèse sur différents projets dans le domaine par exemple de la microbiologie alimentaire. J’ai eu la chance de participer à des conférences, formations et workshops, notamment le workshop EBAME portant sur l'écogénomique microbienne computationnelle à Brest et à la conférence internationale Thermophiles au Japon. Depuis 6 mois, je suis employée en tant que chercheur spécialiste en microbiologie et bio-informatique, tout en finalisant ma thèse sur mon temps libre que je défendrai en septembre.
Son parcours universitaire
Si vous le voulez bien, nous allons revenir sur votre parcours. Vous avez commencé vos études par une licence en biologie à SU, avant d’enchainer par un master en biologie marine? Pourriez-vous revenir sur les motivations qui vous ont poussée à faire ces choix ? Saviez-vous dès le lycée que vous vouliez travailler dans la biologie marine, ou est-ce que cet intérêt est venu plus tardivement ?
Au collège et au lycée, ma matière préférée était de loin les sciences de la vie et de la terre. Je suis de nature curieuse et comprendre comment fonctionne le vivant a toujours été dans mes intérêts. Il était donc logique pour moi de faire une licence de biologie, ayant la chance d’avoir des parents qui m’ont soutenu financièrement. Pendant la licence, on apprend beaucoup la théorie et moins le côté appliqué de la science, ce qui selon moi est assez dommage. En sortant de la licence, il n’est pas évident de savoir quels sont les potentiels débouchés professionnels. Je n’étais pas certaine de ce que je voulais faire. Certes, tout ce que j’avais appris jusque-là m’intéressait beaucoup mais cela restait très abstrait. Par exemple, j’ai appris le principe de la PCR en licence mais ce n’est que quand je me suis retrouvée au labo, à en faire une moi-même, que j’ai réalisé son importance et ses applications. Les enseignants devraient encourager davantage les étudiants en licence à faire des stages professionnels ou en laboratoire pendant l’été. Je pense que beaucoup d’étudiants sont perdus en licence et c’est normal car c’est un âge ou l’on se cherche sur tous les plans : professionnel, personnel, relationnel, financier. J’avais envisagé de partir un an en Australie afin d’améliorer mon niveau d’anglais, de voyager et d’y voir plus clair pour le futur. Toutefois à la fin de l’été, je suis allée voir un conseiller d’orientation sur le campus. Nous avions essentiellement parlé de biotechnologies bleues. Je suis sortie de cet entretien sans grande conviction. Néanmoins, je me suis inscrite en master de biologie marine le jour même. Rétrospectivement, il m’a posé les bonnes questions. Donc un peu par hasard en suivant mes intérêts scientifiques, je me suis retrouvée dans le Master Sciences, Technologies, Santé, mention Biologie Intégrative et Physiologie. Lors du premier semestre de la première année, j’ai commencé une UE liant philosophie et biologie que j’ai abandonnée après seulement 2 ou 3 cours. Je me suis donc réorientée vers l’UE « Innovations biomédicales : Apports des modèles marins » avec Patrick Cormier que j’ai tellement adorée que je me suis ensuite lancée dans l’aventure des UE en stations marines en commençant par Roscoff. J’ai pu être au contact des enseignants chercheurs dans leur laboratoire et être sensibilisée aux différents thématiques de recherche de façon appliquée. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je voulais faire de la recherche. Puis mon stage de Master II en Islande me l’a confirmé.
Aviez-vous déjà des loisirs liés à l’océan (plongée…) ? Etiez-vous engagée auprès d’associations environnementales ?
Oui, j’ai toujours aimé la mer. J’aime faire du bateau et j’ai mon niveau 2 de plongée sous-marine. Je ne me suis jamais engagée dans une association environnementale mais c’est quelque chose que je pourrais envisager dans le futur.
Pourquoi avez-vous choisi Sorbonne Université pour votre licence ? Aviez-vous postulé à d’autres universités ?
J’ai choisi SU pour son classement et pour des raisons pratiques. J’ai seulement postulé à cette Université.
Quel est votre ressenti de cette licence ?
Pour moi, l’enseignement offert est très théorique. J’aurais aimé faire des stages en laboratoire (un ou deux mois) dès la première année de licence.
Qu’est-ce qui vous a poussée à candidater au Master 2 Sciences, Technologies, Santé, mention Biologie Intégrative et Physiologie (BIP), parcours Parcours Biologie et Bioressources MArines (BBMA) ? Ce Master était-il votre premier choix ?
C’était le seul choix. En m’y inscrivant, j’avais en tête le parcours biologie marine mais je ne pensais pas à ce moment-là faire de la recherche.
Durant cette formation, avez-vous pu suivre des UE dans les stations marines de SU ?
J’ai fait les trois stations (Roscoff, Banyuls-sur-Mer et Villefranche-sur-Mer). C’était super !
Quel cours vous a-t-il le plus marqué et vous a conforté dans vos choix pour le futur ?
Biologie animal, Biotechnologie des algues marines (BAM), Biotests et bioressources en milieu marin (B2M2), Modèles marins en développement et évolution (MoMaDE) et Adaptation en milieu marin (AROM). Certains enseignants ont aussi eu un impact sur mes choix.
Avez-vous mené des stages lors de votre licence, puis de votre master ? Pouvez-vous dire comment vous les avez trouvés ? Auriez-vous voulu rester plus longtemps en stage ?
Pas en licence. J’ai fait mon stage de master I au Centre Scientifique de Monaco. Cela m’a paru trop court. Puis j’ai fait mon stage de master II en Islande. Six mois me paraissent être une bonne durée pour un stage en laboratoire.
Vous avez par la suite continué vos études avec un doctorat l’université d’Islande. Pourquoi ce choix ? Les chercheurs et enseignants de votre Master vous ont-ils encouragée à poursuivre vos études dans cette université ?
J’ai choisi de faire une thèse car je souhaitais faire de la recherche. Lors de la présentation de projet à la fin du stage de Master, j’ai parlé de la thèse en Islande et mes professeurs m’ont encouragée.
Vous aviez auparavant mené la totalité de vos études à SU, comment s’est passée votre arrivée à Reykjavyk ?
Très bien. L’aventure, l’exploration et la découverte sont des choses qui font grandir. J’avais envie de partir à l’étranger pour améliorer mon niveau d’anglais, me retrouver seule, me challenger dans un environnement différent. Cela m’a permis d’avoir plus confiance en moi.
Comment était considérée votre formation à SU lors de votre candidature à Reykjavik ?
Très bien considérée.
Après votre doctorat, avez-vous pensé à un postdoc ? Ou avez-vous tout de suite pu trouver un poste ?
Je suis actuellement employée à Matis sur un poste de chercheur mais je suis en train d’écrire un projet MSCA afin d’obtenir une bourse et faire un post-doc dans un laboratoire Parisien.
Quelles sont pour vous les plus grands atouts de SU concernant la biologie et la biologie marine ?
J’ai vraiment adoré partir à la rencontre de chercheurs dans leur laboratoire avec leur thématique de recherche. Donc je dirais les UE en stations sans aucun doute et la diversité et richesse des enseignements.
Conseillerez-vous le master 2 BBMA à d’autres étudiants ?
Oui, je l’ai souvent conseillé et le conseille encore.
Quels pourraient être vos conseils pour encore améliorer cette formation ainsi que la licence de biologie) ?
Faire peut-être en sorte qu’il y ait plus « d’appliqué » dans la formation. Proposer des petits stages d’été « découverte » aux étudiants en licence, faire 6 mois de stage en master I, faire un système de tutelle ou rencontres entre étudiants en Master/doctorants – étudiants en licence ou faire des visites de labo et entreprise avec les étudiants ? Ha et interdire le BDE ?.
Comment les enseignements que vous avez suivis à SU vous servent-ils aujourd’hui dans votre métier ?
Ces enseignements m’ont appris la rigueur de la démarche scientifique et l’importance de communiquer/présenter un projet devant un auditoire, deux choses que j’utilise encore aujourd'hui.
Merci à vous et bonne chance pour votre soutenance !